Traitement anti âge : des cellules souches pour rajeunir
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Elles permettent de traiter, réparer, reconstruire. Dans un futur proche, on peut penser que nous serons soignés par nos propres cellules. L’esthétique n’y échappe pas et les cellules sont, également, dans ce domaine, une vraie révolution !

Depuis les années 70, il y a eu deux innovations majeures, la liposuccion et le lipomodelage, explique le docteur Thierry Van Hemelryck, chirurgien plasticien aux Sables d’Olonne. Aujourd’hui, l’utilisation de la graisse, permet de remodeler le corps et le visage. Cette lipostructure ou lipofilling n’est possible qu’avec la présence de suffisamment de graisse à prélever et suppose une bonne qualité de peau, pas trop relâchée et avec une certaine tonicité, c’est-à-dire, qui possède suffisamment de fibroblastes pour fabriquer du collagène. »

Mais pourquoi injecter de la graisse ?

Tissu graisseux et cellules souches

Le tissu graisseux, prélevé et jeté pendant des années retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse. Autrefois considéré comme un simple lieu de stockage de lipides, on s’est depuis aperçu qu’il possédait des fonctions bien plus variées.

Il est désormais considéré comme un véritable organe, doté d’activités endocrines (capables de libérer des hormones directement dans le sang) où l’adipocyte est au cœur de ce système. En 2001, on s’aperçoit que le tissu adipeux contient aussi des cellules souches (découverte du docteur Stanley Coleman, spécialiste en chirurgie plastique reconstructive).

Présentes en grande quantité (3  à 5  % des cellules du tissu), elles sont facilement accessibles après à partir d’une simple lipoaspiration.

Leurs fonctions ? S’auto-renouveler pour garder le même nombre de cellules et fournir des cellules indifférenciées, ayant la capacité de produire des cellules spécialisées dans des domaines différents par divisions successives.

Les cellules souches pourraient tout faire : fabriquer du sang, de la peau, des cartilages, du muscle et même des neurones.

On comprend pourquoi le tissu adipeux se révèle être est un produit de comblement idéal pour n’importe quelle partie du corps mais aussi pour réhabiliter les blessures traumatiques causées par des accidents de la route, les cicatrices, les cellules souches étant un accélérateur de cicatrisation.

Booster le métabolisme cutané avec le PRP

 

 
« Le PRP ou Plasma Riche en Plaquettes, utilisé depuis une vingtaine d’années dans le traitement de l’arthrose, de la tendinite, est inscrit désormais au programme de la médecine anti-âge. Le plasma sanguin contient de nombreuses substances nutritives. Parmi elles, des vitamines, des sels minéraux, des protéines et des hormones précieuses pour la vie cellulaire.

Il contient également des plaquettes capables de synthétiser une trentaine de protéines bioactives qui sont des facteurs de croissance. Le PRP a donc la capacité de stimuler les cellules souches du derme, celles qui fabriquent le collagène et l’élastine », pré- cise le docteur Van Hemelrick. Il s’agit là d’un véritable traitement régénérant pour la peau. Le PRP est obtenu à partir du propre sang du patient (sang autologue) et ne présente donc aucun risque.

Il est d’abord centrifugé pour séparer le PPP (Plasma Pauvre en Plaquettes) qui représente 5 % du sang et récupérer le PRP (40 % du sang). Des techniques complémentaires « Dès le début des années 2000, j’ai utilisé la graisse notamment pour le visage.

Depuis elle est injectée dans les seins, pour augmenter leur volume ou le reconstruire après une mastectomie. On peut aussi l’utiliser pour l’amélioration du fessier, remodeler le mollet, pour le rajeunissement des mains (avec des microcanules, le Nano Fat Transfer qui permet d’injecter en quantité infinitésimale de la graisse associée à du PRP), et bien sûr, du visage. » Et le PRP ? « Ces techniques sont extrêmement complé- mentaires  », précise le docteur Van Hemelrick. La graisse joue sur les volumes, le PRP, sur la qualité de peau. La graisse amène des cellules souches que le PRP va stimuler. Ce que les amé- ricains ont appelé le « Vampire Lift »…

Contrairement aux produits injectables biodégradables, le lipofilling ne nécessite pas de séances d’entretien car le résultat est définitif. Si une partie de la graisse injectée fond, soit environ 30 %, ce dont on tient compte au départ, il ne faut pas oublier que la graisse est vivante et se comporte comme une greffe. «  J’utilise aussi le PRP notamment pour stopper la chute des cheveux (perte de cheveux après une chimiothé- rapie ou après un stress, cheveux fins…), ce qui va booster leur repousse en leur apportant des facteurs de croissance.

Le PRP va principalement améliorer la qualité des follicules existants. En trois injections à un mois d’intervalle avec, ensuite, une injection par an. »

Le résultat est bluffant !

Et la réglementation ?

Les cellules souches ont suscité certains questionnements, dont  : peut-on dé- placer des cellules souches d’une partie du corps à une autre sans risques ? Portent-elles, en elles, le risque de se développer en cellules cancéreuses  ? «  Les sociétés savantes ont suffisamment de recul pour dire que ce n’est pas le cas  », affirme le docteur Van Hemelrick. Si aux États-Unis, en Suisse, les cellules souches ne posent pas de problème, en France, elles sont très ré- glementées et seuls quelques CHU ont l’autorisation de les travailler.

Et pourtant il y a des cellules souches dans la graisse et pour celle-ci, il n’y a aucune restriction en France. « Nous faisons des cellules souches sans les faire, ironise le docteur Van Hemelrick. En Suisse, la graisse prélevée est envoyée à un laboratoire accrédité par les instances de surveillance, qui extrait les cellules souches (en général pour 150 ml de graisse il est possible d’obtenir environs 50  millions de cellules souches). Sont alors injectée uniquement les cellules souches sans les cellules graisseuses. Ce qui supprime l’effet volumateur. Que ce soit pour le lipofilling ou l’injection de PRP, il est impératif de le faire dans des conditions d’asepsie précise, c’est-à-dire dans un bloc aux normes classiques d’un bloc opératoire. »

Un futur prometteur pour l’innovation médicale dans les traitements anti-âges

En Suisse, une étude récente sur le traitement des vergetures par injection de cellules souches a montré l’amélioration de l’épaisseur du derme de plus de 50 % à six mois avec une persistance du résultat à un an. Les cellules souches dérivées d’adipose (les cellules du tissu adipeux) semblent être l’avenir de la médecine anti-âge d’autant plus que le tissu adipeux humain est facilement accessible par liposuccion. Son utilisation en médecine régénérative s’est avérée sûre et efficace dans les études précliniques et cliniques. De quoi considérer ses petits bourrelets avec un œil sur le futur…