Diabète de type 2 : quelles innovations médicales ?
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Près de quatre millions de Français souffrent de diabète de type 2. Des traitements récents agissant en amont de la maladie, évitent l’épuisement du pancréas à la longue. Le point avec le professeur Brigitte Delemer, responsable du service d’endocrinologie et diabétologie du CHU de Reims.

Le diabète de type 2 concerne 90  % des cas de diabète en général.

S’il existe une composante héréditaire, notre mode de vie sédentaire et notre alimentation riche en sucres et en graisses, explique la progression de l’affection. Le nombre de cas de diabète de type 2 diagnostiqués augmente de plus de 5 % par an. Si la maladie survient surtout chez les personnes obèses, les cas d’adolescents obèses devenus diabétiques ne touchent pas que les jeunes Américains.

L’élévation permanente du taux de sucre sanguin, qui définit le diabète, provoque des dégâts. D’évolution silencieuse il entraîne des complications, atteignant le cœur, les vaisseaux sanguins (et ceux des yeux, rétinopathie diabétique), les reins, les nerfs (perte de sensibilité). Il faut traiter et équilibrer le diabète par des médicaments, une alimentation adaptée et au moins une marche 3 fois par semaine de 1 à 2 heures, nos muscles utilisant le sucre.

Facteur de risque majeur : l’obésité

L’insuline est une des hormones qui permettent la régulation du taux de sucre (glucose) dans le sang. Lorsque ce taux augmente (c’est normal après un repas), le pancréas secrète alors de l’insuline laquelle favorise le stockage et l’utilisation du sucre dans les muscles et le foie.

Sans sucres, nos muscles crient famine. Et sans l’insuline, le sucre sanguin resterait trop élevé. « Les personnes atteintes de diabète de type 2 sécrètent bien de l’insuline, mais elle n’est pas assez efficace sur l’organisme. Le taux de sucre reste élevé longtemps après le repas, le pancréas s’évertue à fournir de l’insuline, mais en vain, car les cellules musculaires et du foie deviennent insulino-résistantes », explique le professeur Brigitte Delemer.

Les médicaments largement prescrits

«  Le diabète de type  2 est une maladie chronique, évolutive », rappelle le professeur Delemer. Le patient est traité, mais à la longue, le vieillissement aidant, le pancréas s’épuise, ses cellules peinent à la tâche. Le médecin dispose d’une panoplie de molécules. « Il existe une hiérarchie dansla prescriptionmédicamenteuse, poursuit la diabétologue. En première intention, on prescrit la metformine, ou encore les sulfamides, ces deux traitements ont fait leurs preuves. La metformine améliore l’efficacité de l’insuline au niveau des muscles et du foie (les réserves de sucre).

Un contrôle régulier des reins est nécessaire. Si elle ne suffit plus à contrôler la glycémie, la metformine peut être associée à d’autres médicaments stimulant la production d’insuline. »

Les stratégies thérapeutiques prometteuses : les incrétines

La sécrétion d’insuline par le pancréas après un repas est contrôlée normalement par des hormones intestinales appelées incrétines, entre autres le GLP-1 (glucagon like peptide-1). Les incrétines ont plusieurs actions : elles inhibent la sécrétion du glucagon – hormone hyperglycé- miante – et stimulent la libération d’insuline.

Elles ralentissent aussi la vidange de l’estomac, et « de toute l’alimentation, pas seulement du sucre, l’estomac se vide moins vite », précise le professeur Delemer. L’intérêt des molécules récentes qui miment les incrétines ?

La satiété est atteinte plus rapidement, on mange moins, et surtout, il n’y a pas ou peu de risque d’hypoglycémie (l’un des problèmes du diabétique, même traité, ce sont les fluctuations, le « yoyo » du trop ou du manque de sucre sanguin). Comme si le cerveau tenait informé le pancréas de devoir ou non secréter l’insuline. On n’agit donc plus à l’aveugle comme avec les traitements précédents.

Des médicaments intelligents pour un traitement et une prise en charge plus efficace du diabète

Autre avantage  : ces médicaments entrainent une perte de poids, de 4  ou 5  kilos, or les diabétiques de type  2 avons nous dit, sont très souvent obèses. Ces molécules s’administrent en injection sous cutanée, comme l’insuline, mais toujours à la même dose. Les inconvénients : des nausées, surtout si on commet des excès alimentaires et la cherté de ces produits, 120 € par mois. Certes, ils sont remboursés, mais il ne faut donc les prescrire qu’à bon escient. Autre dispositif nouveau  : stopper la dégradation des incrétines naturelles ou comment inhiber les enzymes (les inhibiteurs de DPP4), qui dégradent les incrétines.

Ces médicaments-là se prescrivent en comprimés, et sont souvent associés à la metformine. Ils n’entraînent pas de prise de poids, et peu d’hypoglycémies. Encore nouveaux, ils sont eux aussi coûteux, un peu moins que les analogues du GLP1. Last but not least : les analogues du GLP1, réduiraient la mortalité des patients diabétiques, comparées à d’autres molécules, et protègeraient le système cardiovasculaire. Bonne nouvelle pour les patients obèses ou pas.

En vidéo : les innovations médicales et le diabète